Le 1er février 2020, la rémunération du livret d’épargne réglementée va tomber à 0,50%. Un taux largement inférieur à l’inflation. 

Le livret d’épargne préféré des Français va encore moins rapporter. Dans un communiqué publié le 16 janvier 2020, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé que le taux du Livret A sera fixé à 0,50% à compter du 1er février prochain. Il s’agit de la rémunération la plus faible depuis la création de ce placement le… 22 mai 1818.

Et encore : le taux aurait pu être encore moins élevé. La nouvelle formule de calcul du Livret A, instaurée par le décret du 14 juin 2018, prévoit en effet que sa rémunération corresponde à la moyenne semestrielle des taux interbancaires et de l’évolution des prix à la consommation (hors tabac) divisée par deux (auparavant, c’était l’inflation des six derniers mois, majorée de 0,25 point). Soit, en appliquant cette nouvelle formule, 0,23%. Heureusement, le décret a également mis en place un taux plancher de 0,50%.

Rendement réel négatif

C’est donc ce dernier qui va s’appliquer le 1er février. Une mauvaise nouvelle pour les épargnants, sachant que la hausse des prix devrait être deux fois plus importante cette année (1%). Du coup, le rendement réel (c’est-à-dire net d’inflation) sera négatif de 0,50 point. En d’autres termes, les titulaires de Livret A vont perdre de l’argent en 2020. Certes, c’est déjà le cas aujourd’hui avec le taux actuel de 0,75%. Reste que la perte sera encore plus conséquente.

Le gouvernement aurait d’ailleurs pu décider de maintenir la rémunération. Comme pour les autres produits d’épargne réglementée (LDDS, PEL, CEL, LEP), c’est en effet l’État qui détermine in fine le taux du Livret A. L’exécutif avait ainsi choisi de le geler en novembre 2017 à 0,75%. Sans cette décision, le taux plancher à 0,50% aurait été mis en place bien plus tôt.

Pas de « coup de pouce »

Cette fois-ci, le gouvernement n’a pas voulu octroyer de « coup de pouce » au placement chouchou des épargnants français. Dans son communiqué, Bruno Le Maire justifie ce choix par la volonté gouvernementale de développer le secteur du logement social. Le taux d’emprunt des offices HLM étant indexé sur le taux du Livret A, abaisser la rémunération du second permet d’accroître les marges de manœuvre financières des premiers. Toujours selon le locataire de Bercy, la baisse de 0,25 point va permettre, chaque année, la construction de 17.000 logements sociaux supplémentaires ou la rénovation de 52.000 d’entre eux.

Bruno Le Maire ne le dit pas mais la très faible rémunération du Livret A vise également à inciter les Français à miser sur des placements potentiellement plus rémunérateurs. Justement, la loi Pacte (pour Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) a simplifié le plan d’épargne en actions (PEA), réformé l’euro-croissance (un support à mi-chemin entre les fonds en euros et les unités de compte de l’assurance vie) et créé le plan d’épargne retraite (PER). Il s’agit à chaque fois de placements majoritairement investis dans des actions et qui participent de cette façon au financement des entreprises. Le pari gouvernemental va peut-être s’avérer payant. Bruno Le Maire s’est félicité le 23 janvier sur BFM Business que 84.000 plans d’épargne retraite ont été souscrits entre le 1er octobre 2019 (date d’ouverture à la commercialisation du PER) et le 31 décembre 2019.